Je défais le nœud de la ceinture de mon peignoir, je le fais glisser sur mes épaules et il tombe au sol dans un bruissement léger de tissu. Dans un coin de la salle de bain, Wesley est déjà en train d’attendre, droit comme ‘i’, une serviette dans les mains que j’ai terminé ma toilette alors que je ne l’ai pas encore commencé. Me présenter sans aucun vêtement pour couvrir ma nudité face à lui ne m’a jamais dérangé. D’ailleurs cela n’a jamais été le cas avec n’importe lequel de mes esclaves. Je pense que c’est en partie parce que je les imagine mal ne serait-ce que posant les yeux sur ma silhouette. Ils savent om est leur place et même si l’un d’eux s’y aventurait, il reste que ce n’était pas pareil. Je trouve cela différent que d’exposer ma nudité à quelqu’un de mon espèce par exemple. Mes esclaves sont là pour me servir, c’est tout ce que je vois en réalité. Bien qu’avec Wesley il existe une légère différence. Pourquoi ? Déjà parce que je n’avais jusqu’à lors jamais pris d’hommes pour s’occuper de la tâche qu’était mon bain. Il n’y avait pourtant rien de compliquer ou que seule une femme pouvait exécuter mais c’était ainsi. Sauf que lorsque je l’ai acquis, c’est la première tâche que je lui aie attribué. Depuis, sept années plus tard, il fait bien plus que me préparer mon bain et attendre que j’en aie fini pour me donner de quoi me sécher. J’ai pu le voir prendre confiance en lui dans ma demeure et petit à petit je lui aie confié plus de responsabilité. Il ferait presque office de majordome d’ailleurs, et c’est lui qui s’occupe de la plus part des tâches lorsque je reçois en grand nombre. Mais malgré cela il reste renfermé sur lui-même. Je le traite pourtant bien mieux que son ancien maître. En fait, je ne fais rien qui justifie qu’il soit encore craintif. Mais je ne m’en plaindrais pas. Il ne manquerait plus qu’il prenne ses aises et se comporte comme s’il était chez lui ! Cependant, j’aimerais qu’il ne tremble plus autant lorsque je m’approche trop près de lui. Je n’ai jamais été violente avec lui et pourtant, dès que je m’approche, il tremble de tous ses membres. Je sais que la morsure y est pour beaucoup mais je m’y prends pourtant avec douceur ! Pourquoi tant de prévenance pour un esclave ? Parce qu’il me rappelle tant Gabriel parfois. Dans des moments son visage arbore une expression ou une moue semblable à une des siennes, et parfois je crois le voir en lui. Je n’ai donc pu m’empêcher de le prendre quelque peu d’affection et de le protéger en quelque sorte même si je ne le montre pas réellement.

J’entre dans mon bain dont la température est parfaite, comme toujours. Wesley veille à ce que tout soit irréprochable. Je soupire, à mon aise dans ce bain dans lequel je souhaite me détendre et je laisse mon esprit dériver quelque peu. Mais au bout de quelques minutes, j’ouvre les yeux que j’avais fermé dans une tentative d’échappatoire à mon quotidien et mon regard se tourne vers Wesley.

« Rejoins moi. »

Il fait quelques pas vers moi et je me doute que je me dois d’apporter une petite précision.

« Déshabilles-toi Wesley. »

Un soupier las m’échappe. Cela aurait semblait évident à n’importe qui, mais pas à lui. Sans compter que se n’est pas la première fois que je le fais me rejoindre dans mon bain et donc, pas non plus la première que je lui dis de se déshabiller avant. On aurait pu croire qu’en sept ans, il aurait finalement compris, mais non. Ce n’est pas non plus quelque chose que nous faisons chaque jour. En réalité… si. C’est plus inhabituel que je ne l’invite pas à se joindre à moi que le contraire. Il n’y a rien de mal là dedans, rien de pervers non plus. C’est juste que… Avant, je prenais mes bains avec Gabriel et même lorsque nous sommes devenus des vampires, nous avons continué ce petit rituel, moi lui faisant sa toilette même lorsqu’il atteignit les 300 ans. Je n’ai jamais vu ça comme quelque chose de malsain, et lorsque j’ai acquis Wesley j’ai vu une occasion de me fondre dans mes souvenirs. Sauf que son corps d’adolescent est devenu celui d’un homme avec le temps et que les choses pourraient plus prêter à confusions, s’il y avait une véritable raison à ça, or il n’y a pas.

Il me rejoint enfin, se glissant dans l’eau, dos à moi et se calant entre mes jambes comme à chaque fois, sans un mot. Ca fait un moment que je ne lui aie pas dit de venir. J’étais réellement préoccupée ces derniers jours par les derniers événements. La tentative de meurtre sur ma personne et donc, ma rencontre et mon marché à Lincoln. Cela faisait quoi ? trois, quatre jours qu’il n’est pas venu dans le bain avec moi ?

Je verse du produit dans la paume de ma main et doucement, je me mets à lui laver les cheveux. Je m’occupe de lui, m’appliquant, massant son cuire chevelu avec attention, et c’est avec douceur que je vais lui laver les épaules et le dos. Je m’occupe de lui, aussi tendrement que de Gabriel, reportant toute mon attention et tout mon amour pour mon frère dans ces gestes maintes fois exécutés pour lui. Ma tâche est vite terminée mais je continue à laver sa peau doucement, plus pour mon propre plaisir que pour le sien.
Finalement je m’arrête et j’enroule mes bras autour de lui, le ramenant un peu plus contre moi, je le serre comme j’aurai serré Gabriel.

« Arrêtes de trembler. » Je murmure doucement tandis qu’une de mes mains va caresser ses cheveux.

Toujours aussi craintif, même lorsqu’il n’a pas à l’être comme maintenant, c’est assez agaçant je dois l’avouer. Je dépose un baiser dans le creux de son et remonte à son oreille brièvement pour y souffler quelques mots.

« Je vais te mordre Wesley. » Je le préviens, d’une vois douce et rassurante. Je préfère l’avertir que de le prendre en traître sachant pertinemment que mes crocs l’effraient bien que jamais je ne me sois montrée violente en le mordant. Mes dents frôlent sa peau, doucement, et c’est avec tout autant de précaution que je pénètre sa chaire et que je m’abreuve de lui. Me nourrissant, je le serre un peu plus contre moi, mes jambes venant l’enserrer également.

Je lui annonce finalement que j’en ai terminé et il quitte la baignoire rapidement, se séchant tout aussi vite – et mal – et s’habillant prestement. Pourtant, comme souvent, je ne sors pas de l’eau immédiatement, j’y reste plongée, les yeux fermés, se relaxant seule cette fois. Puis au bout d’un certain temps, je me lève et Wesley est déjà tout proche de moi, me tendant une serviette que j’enroule autour de ma silhouette. Je jette un bref coup d’œil au garçon et quelque chose me parait… étrange. Inhabituel même, mais je ne saurais dire quoi. Je ne me perds pas dans quelque réflexion quelle soit et je retourne à ma chambre, Wesley sur les talons. J’arrive dans la dite chambre et je laisse tomber gracieusement la serviette au sol. Mon esclave est là en partie pour s’occuper de se genre de chose. A nouveau ma nudité n’est pas quelque chose qui me gêne face à lui, pourtant lorsque je prends la chemise de nuit – pourquoi on appelle pas ça une chemise de jour ? Quel racisme pour les vampires ! – je jette un coup d’œil vers Wesley tandis que je la passe et c’est là que je trouve ce qui cloche. Il a toujours eu pour habitude, et ce depuis sept ans, de garder un regard droit, fixant un point invisible sur le mur face à lui à chaque fois que je me dénudais devant lui. Mais aujourd’hui – et peut-être depuis quelque temps qui sait ? Je n’ai pas réellement fait attention à lui – son regard est fuyant, semblant chercher quelque sol vers le sol. Cela ne lui ressemble pas et cette simple constatation me fait froncer les sourcils.

L’aube est proche, la nuit a été quelque peu fatigante, je suis éreinté, je n’ai donc pas envie de me lancer dans de longs discours – en même temps, pour ce que Wesley peut parler… Je m’avance tout de même vers lui, l’air légèrement contrarié. Je n’aime pas ne pas savoir de quoi il en retourne.

Je m’arrête qu’à quelques centimètres de lui et je scrute son regard essayant d’y déceler la moindre chose pouvant m’éclairer mais rien. Il se fait fuyant ce qui ne lui ressemble pas. Il a pour habitude de soutenir mes regards mais aussi qu’une lueur n’y brille comme s’il était un simple coquille vide. Un être sans sentiment ni émotion. Je pouvais le comprendre à l’époque où je l’ai enlevé à son foyer. Avoir été élevé dans un tel environnement, par ce rustre dégoûtant avait de quoi briser le plus solide d’entre tous, alors un simple humain… un simple enfant. Pourtant j’aurai cru qu’il serait plus heureux ici et qu’il apprendrait… je ne sais pas, à vivre ? Mes pensées sont bien ridicules je trouve ! Aussi je le chasse rapidement et mes doigts s’emparent du menton de mon esclave avec délicatesse pour lui faire relever le visage.

« Qu’est-ce qui se passe Wesley ? Et ne me dis pas ‘rien’ sinon je serais tenter de croire que tu prends pour une idiote aveugle. »

Et il ne le fera pas. Il ne risquera pas de me mettre en colère, il reste un brave chien cherchant à satisfaire les moindres désires de sa maîtresse.

Mes yeux suivent lentement la chute du peignoir sur le sol. J’irais le ramasser lorsqu’elle sera entrée dans son bain, mais en attendant, je me dois de le fixer, il faut que je reste, comme à l’accoutumée, aussi stoïque qu’une pierre de marbre. Je n’ai pas autant de soucis d’habitude… Je ne fais que fixer un point devant moi, à hauteur d’yeux. Ce qui me permet de me tenir droit,d’avoir l’air professionnel, et de ne m’intéresser à ma maîtresse que lorsqu’elle le désire. Cependant depuis quelques jours, depuis que cet homme armé était entré chez elle, je vois des choses que je ne voyais jamais auparavant. Je me suis pris l’autre jour à regarder ma maîtresse, chose que je n‘avais encore jamais faite. Bien sûr, mon regard s’est vite détourné, mais depuis, je ne peux m’empêcher d’avoir le regard fuyant, et mon point invisible ne cesse de se déplacer, pour ne jamais la voir réellement. Je ne veux pas que mon regard ne s’égare de nouveau sur elle. C’est malvenu et obscène… Elle rentre finalement dans son bain, et sans me préoccuper d’elle, je vais chercher son peignoir au sol, afin de l’accrocher sur un crochet non loin. Serviette en main, je viens me poster de façon la plus appropriée, et je me prépare à attendre quelques temps qu’elle ne sorte enfin de son bain. « Rejoins moi. » Je sursaute finalement n’ayant pas remarqué le temps qui passait. J’étais de nouveau parti dans mes pensées, qui se constituaient simplement de l’homme armé, et du corps parfait de ma maîtresse, chose que je n’aurais jamais du remarquer.

Lentement, je fais quelques pas vers la baignoire, prêt à y entrer tout habillé comme à mon habitude. Jamais il ne me viendrait à l’idée de me dénuder pour ça. Nous faisons pourtant cela depuis mon arrivée ici. Je partage quelques instants de son bain, et malgré la routine de cet évènement, je n’ai pas pris l’habitude de me déshabiller. « Déshabilles-toi Wesley. Oui maîtresse » Mes vêtements se retrouvent rapidement au sol, et je me mets à trembler dès que c’est le cas. Pas de froid, la pièce est chaude du fait en partie de la chaleur de l’eau, mais de peur. Cela fait 7 ans que je n’ai pas été abusé, cela fait 7 ans que nous avons ce rituel, mais je tremble toujours de peur lorsque je suis nu en sa présence. Cependant, cela ne m’empêche pas d’entrer dans l’eau chaude, et de venir me placer entre ses jambes, dos à elle. Quelqu’un qui assisterait à ça trouverait peut être ça pervers, mais je sais que ce n’est pas le cas, heureusement d’ailleurs. Je suis simplement un souvenir perdu, j’en ai bien conscience, et ça ne me dérange pas. Je n’ai pas été formaté pour que les actes des vampires ne me dérangent.

Lorsque ses mains commencent finalement à me laver les cheveux, je me rends compte subitement que ça m’a manqué. Je n’avais jamais remarqué ça auparavant, mais j’apprécie cette petite attention quotidienne, et ça faisait quelques jours qu’il ne s’était rien passé. Elle prenait son bain, sans m’appeler, et elle quittait la baignoire, sans que je ne subisse cette attention quotidienne. Cependant, je me rends compte aussi qu’à mes tremblements habituels s’en ajoutent d’autres, que je ne connais pas. Ces mains sur ma peau me font me trembler de quelque chose que j’ignore, et je me sens brusquement mal à l’aise. Je ne me rends pas compte que mes joues deviennent rouge, et ce qui faisait de moi un jouet si apprécié dans le passé ne cesse de grandir, de se redresser. Je ne comprends pas ce qu’il se passe, d’autant plus que tout s’accentue lorsqu’elle me serre contre elle encore plus. Ce sont pourtant des gestes habituels, des gestes qu’elle a toujours fait depuis que je suis ici, et voilà que quelque chose change en moi. « Arrêtes de trembler. » Je ne peux pas… Je ne peux pas m’arrêter de trembler, d’autant plus maintenant. Je crois que la peur se fait moindre au profit de ces nouveaux tremblements, et je trouve ça tellement étrange.

Le baiser qu’elle dépose dans mon cou fait naître de nouveaux tremblements, mais cette fois, je sais à quoi ils peuvent être dûs. Elle va me mordre, elle va planter ses crocs dans ma chair, et plus encore que le sexe, la morsure me fait peur. « Je vais te mordre Wesley. » Je le sais, je ferme déjà les yeux, me préparant à la douleur… Mes tremblements restent constants durant toute la morsure, et même si elle y va avec une douceur peu coutumière pour quelqu’un de sa race, je ne peux m’empêcher d’avoir peur. Tout à mon effroi, je ne me rends pas compte qu’elle se colle d’autant plus à moi, et je ne me rends pas compte non plus de l’effet qu’elle peut avoir sur ma virilité…

Elle m’annonce finalement qu’elle a terminé, et c’est avec un empressement non dissimulé que je sors de la baignoire. Je me sèche à peine à l’aide d’une serviette, et m’habille prestement. Je ne suis pas à l’aise avec ma nudité, d’autant plus lorsqu’elle est ainsi dévoilée et impudique. Mon regard se fait de nouveau fuyant alors que je retourne prendre une serviette propre dans un placard, et lorsque ma maîtresse décide de sortir du bain quelques minutes plus tard, je suis prêt à lui tendre la serviette. Je n’ose toujours pas de regards vers elle, et je me sens de nouveau mal à l’aise alors qu’elle se pare finalement de la serviette. Elle sort de la pièce et je m’empresse de la suivre, comme à mon habitude. Je redeviens plus professionnel, mon regard ne pouvant plus s’égarer là où il ne le doit pas. Je redeviens moi-même de fait, et je préfère ça. Je n’aime pas me sentir mal à l’aise en sa présence, et je ne cesse de l’être depuis quelques jours. Lorsqu’elle entre dans sa chambre, je la suis toujours, mais lorsque sa serviette tombe au sol, mon regard redevient fuyant. Pourtant, je n’oublie pas mes tâches, et je vais rapidement chercher la serviette, que je plie avant de la mettre devant la porte. Je la récupèrerai en partant… Je reviens me poster de façon à être entièrement disponible pour ma maîtresse, mais mon regard reste toujours aussi fuyant, je n’arrive pas à conserver un point fixe en face de moi, comme le voudrait mon habitude…

Lorsqu’elle s’approche de moi, je n’arrive même pas à la regarder en face comme je peux le faire d’habitude. Je n’aime pas ça, elle va le remarquer, et je ne sais même pas quoi faire pour que ça n’arrive pas. Elle saisit finalement mon menton, et cette fois, je ne peux que relever les yeux vers elle. « Qu’est-ce qui se passe Wesley ? Et ne me dis pas ‘rien’ sinon je serais tenter de croire que tu prends pour une idiote aveugle. » Je réfléchis quelques secondes à sa question, tout en me disant au fond de moi que je n’ai aucune réponse à lui fournir. Je ne sais pas moi-même ce qu’il se passe. « Je ne sais pas Lady… Je crois que… Je ne me sens pas à l’aise. Vous êtes si belle… Ma réponse est franche, honnête, je ne pourrais pas lui mentir, sauf si elle me le demandait. Je ne suis pas capable de désobéir à un ordre, et à sa question, la seule réponse qui s’impose serait : ‘vous êtes belle’. Le souci semble bien là, il réside bien dans sa beauté immortelle, même si je suis incapable de dire ce qui ne va pas. Je vous dois des excuses, j’ai, sans votre permission, déposé un regard sur vous, et j’ai bien peur d’avoir enfreint une règle importante. » Je ferme finalement la bouche, conscient de mon erreur, et pourtant heureux de pouvoir en parler.

Les doigts maintenant le menton de mon esclave, je scrute son regard, son visage, à la recherche de la moindre trace d’une réponse. Je connais Wesley, il est… vide. C’est un enfant au passé douloureux dont le traumatisme ne peut pas se cicatriser en quelques années. Cela fait tout de même sept ans, mais les sévices qu’il a subis étaient tels qu’il lui faut davantage de temps pour se reconstruire, ou se construire tout simplement. Lorsque je l’ai pris avec moi, j’ai cru qu’il guérirait assez vite, qu’il serait heureux dans ma demeure où il ne servirait que de nourriture et seulement pour moi. Je croyais qu’en étant douce lors des morsures, en le traitant bien il finirait par prendre confiance et qu’il surmonterait ce passé odieux. Mais je me suis trompée visiblement. Certes il a pris un peu plus d’assurance, il accomplit maintes tâches désormais et c’est même lui qui se les ai attribué petit à petit mais il reste renfermé. Il ne parle jamais – en même temps je ne veux pas d’esclave loquace – ses réponses sont courtes, concises. J’ai l’impression de ne pas avancer mais de stagner avec lui. Au niveau relationnel j’entends. Et qu’est-ce que cela peut bien me faire ? Rien normalement. Oui mais voilà, à trop le voir comme l’image de Gabriel, à trop chercher à la couver à cause de ça, je me suis en quelque sorte attachée à lui, tellement que je ne supporte pas que quiconque à part moi puisse l’approcher. Je serais prête à montrer les dents si un vampire tentait de le mordre, car plus que ma propriété, je sais qu’il a peur et je veux lui éviter toutes choses désagréables. Et là, j’ai l’impression de faillir à ma propre mission. Son regard est trop fuyant pour ne pas cacher quelque chose, et avec Wesley, c’est forcément important ! Je ne l’ai jamais vu agir de la sorte depuis toutes ces années et cela m’inquiète quelque peu. Alors comme il semble lui-même ignorer quel mal le ronge, je tente de le percer par moi-même. Comment je sais qu’il est dans l’ignorance ? Parce que je tais, qu’il laisse le silence s’étirer entre nous. S’il savait, il m’en aurait déjà fait part. J’ordonne, il obéit dans l’immédiat, il est ainsi et s’il ne le fait pas, c’est qu’il n’a pas de réponse.

« Je ne sais pas Lady… Je crois que… Je ne me sens pas à l’aise. Vous êtes si belle… »

J’arque un sourcil. Mal à l’aise ? Pourquoi l’est-il tout d’un coup ? Il ne l’a jamais été jusque là, alors pourquoi maintenant au bout de sept ans ?

« Je vous dois des excuses, j’ai, sans votre permission, déposé un regard sur vous, et j’ai bien peur d’avoir enfreint une règle importante. »

De surpris, mon visage change et arbore un air plus attendrit. Mes doigts quittent son menton et remontent le long de sa joue qu’ils vont caresser. Dans mon œil brille cette lueur que j’avais auparavant pour mon frère pourtant mes intentions et mes sentiments pour Wesley ne sont vraiment les mêmes. Ils sont différents et ce, pour la première fois depuis que je le connais.
J’attrape l’une de ses mains et le guide tout en douceur jusqu’à mon lit où je le fais s’asseoir sans le brusquer. Il a beau ne pas avoir subit un seul mauvais traitement depuis qu’il est ici, rien ne l’empêche de frissonner de peur encore par moment, je ne veux donc pas l’effrayer encore une fois. Ma main retourne caresser sa joue, alors que je lui souris tendrement, je suis douce, bien plus que je ne le suis déjà avec lui d’ordinaire.

« Ce n’est pas grave Wesley. » Dis-je sans le quitter des yeux. « Je suis juste quelque peu vexée que tu ne te rende compte de ma beauté que maintenant. »

Oui, il y a de quoi être vexée ! Autant d’années pour s’en rendre compte alors que ma beauté est pourtant frappante ! Mais je pardonne parce que c’est lui, parce qu’il ne m’a jamais regardé de cette manière, comme il n’a jamais regardé personne de cette manière, même avec l’adolescence, les hormones et tout le bazar, il est restait indifférent à toute ces choses bien qu’il me voit constamment nue et que je le serre contre moi lorsque je l’oblige à me rejoindre dans le bain. Alors dois-je voir cet aveu comme une évolution positive ? Cela veut-il dire qu’il s’ouvre un peu ? à moi ? J’ai bien envie d’y croire et de toute façon, je suis prête à encourager toute amélioration chez lui.

Ma main quitte sa joue et se pose sur son épaule sur laquelle je pousse pour lui intimer de s’allonger. Je ne perds pas de temps pour le rejoindre, m’allongeant à ses côtés, je me tiens un peu plus haute que lui grâce à mon coude. Mon indexe redessine la courbe de sa mâchoire et l’oblige d’une petite pression à tourner la tête vers moi pour que je puisse plonger mon regard dans le sien.

« Alors dis-moi Wesley, quel regard as-tu posé sur moi ? »

Je me doute de la réponse mais je veux l’entendre de sa bouche à lui. Ma main descend et je déboutonne un à un les boutons de sa chemise, je sais qu’il ne bougera pas, ne protestera pas. Lorsque sa chemise est enfin ouverte, je passe ma main sur son torse et mon regard se fait plus insistant.

« Est-ce que c’était de l’envie ? » Je me redresse quelque peu et mon visage vient se loger au dessus du sien alors que je murmure, « Du désir ? »

Ma bouche se pose finalement sur ses lèvres maintes fois violées avec une douceur et une prévenance que je n’ai jamais mit dans un baiser, pourtant il reste sensuelle et lui-même envieux et désireux. Ma main descend encore et s’égare sur l’une de ses cuisses, descendant et remontant toujours un peu plus, toujours plus près de sa virilité. Cependant je sais que s’il ne me repoussera pas, il peut être terrifié, aussi je prends le temps et le préviens pour ne pas l’effrayer.

« Tu n’es pas obligé Wesley… Je ne te forcerais pas la main. C’est à toi de choisir. »

Mais ma main se permet d’effleurer cet endroit cher à son cœur dans l’espoir qu’il ne se refusera pas à moi. C’est tout de même étrange, jusque là je ne l’ai jamais vu comme un amant potentiel mais qu’il m’avoue m’avoir regardé avec autre chose que de l’indifférence à changé la donne, pourtant j’ai d’autres esclave qui l’on peut-être fait aussi –sûrement même – mais il ne me viendrait pas à l’esprit d’agir de la sorte avec eux.

« Je ne t’en voudrais pas Wesley… mais si tu en as envie aussi, alors laisses-toi aller, laisses tes instincts te guider. »

Je souffle à nouveau près de sa bouche. Ma main sur le nœud de la ceinture de mon peignoir, j’attends qu’il me donne son feu vert pour m’en débarrasser ou bien tout simplement pour le laisser m’échapper.