J’ai dans mon âme un trou béant, qui ne peux se remplir que de violence, de souffrance, d’indifférence. Je m’appelle Wesley, il paraît que c’est ma mère qui m’a donné ce prénom, mais qui est-elle ? Je ne l’ai pas connu, jamais, elle n’était… qu’une simple poche, un simple utérus. Je n’ai compris ça que bien après ma naissance, lorsque j’ai vu une autre femme mourir après avoir mis son enfant au monde. Mon maître est un monstre, était un monstre. Je l’ai toujours su, et je m’y suis accommodé. Maintenant, je ne lui appartiens plus, mais les séquelles qu’il m’a laissé sont encore profondes, bien que je n’ai aucune conscience de ça. Je suis un être brisé de l’intérieur, et pourtant, je ne le sais pas.
• • « – Chapitre I ; Le maître dispose de moi comme il l’entend.»
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Des rires étouffés me parviennent… Je ne vois rien dans ma pièce sombre, pourtant je sais que la nuit est tombée depuis plusieurs heures. Je devrais dormir, comme n’importe quel enfant de dix ans normalement constitué, mais la peur est bien trop présente pour ça. Je suis mort de peur, et j’attends avec une appréhension grandissante le moment où la lumière se répandra dans cette pièce qui m’accueille en permanence, lorsque l’on n’a pas besoin de moi. Comme toutes les nuits, j’espère que la porte restera fermée, mais je sais que comme toutes les nuits elle s’ouvrira, délivrant alors mon calvaire. Longtemps, je me suis demandé ce que j’avais pu faire pour mériter toute cette souffrance, tous ces sévices, tout ce mépris… Finalement, je suis arrivé à la seule conclusion logique, je suis né tout simplement. Pas comme les autres enfants non, je suis né dans ce manoir aux allures austères et sinistres. Je suis né dans ce monde de la nuit que personne ne connaît de nos jours. Je suis né, parce qu’on a décidé qu’il serait bien utile d’avoir un enfant humain à asservir. Je suis né, parce qu’ils n’avaient plus de jouets satisfaisants, voilà tout…
Les vampires, pour les enfants normaux, ce n’est qu’un mythe, une légende urbaine que l’on raconte pour se faire peur, pour que les enfants soient sages. Pour moi, c’est une effrayante réalité qui se répète toutes les nuits. Je n’ai jamais rien connu d’autre que cette pièce sombre, et la seule chose que je suis capable de ressentir, c’est l’indifférence. L’amour, la colère, l’envie, le désir… Je ne connais pas ces choses pourtant essentielles, et je m’en fiche. Je ne suis pas destiné à vivre, seulement à servir, et à mourir. Ca y est, la porte s’ouvre… Je ne peux m’empêcher d’adopter une position fœtale, protégeant mes yeux comme je le peux de la lumière qui m’agresse. Elle n’est pourtant pas très forte, cependant habitués au noir le plus complet, je souffre de cette source lumineuse extérieure. Je reste prostré, mais seulement quelques secondes, le temps que mon maître ne décide à venir me déloger de là… Un coup de pied vient s’écraser sur mes côtés, et me fait traverser la pièce comme un rien. La douleur se répand en moi, mais pas un cri ne m’échappe. J’ai maintenant l’habitude, et je ne ressens même plus la douleur. Je sais qu’elle est là, j’ai mal, et pourtant, j’ai l’impression de la vivre que comme dans un rêve. Un second coup, et je sors de la pièce, toujours dans la même position, sous les rires gras et moqueurs de ses invités.
Je suis l’attraction, comme à l’accoutumée. Ils savent qu’ils pourront faire ce qu’ils désirent de moi. Ils savent que je suis le jouet du maître et qu’il me prête, qu’elles que soient les envies de ses invités. Les vampires ne sont que d’affreuses bestioles, sales, dégoûtantes et perverses. Je les déteste, j’en suis certain, et pourtant, je reste le plus indifférent du monde. Je ne pourrais compter le nombre de sévices que j’ai du endurer depuis ma naissance, je ne pourrais compter non plus le nombre de fois où mon corps leur a été donné. Je suis un humain, je pense et je respire, et pourtant, je ne suis qu’une coquille vide. La soirée passe, je tremble de peur lorsqu’ils utilisent mon corps, je tremble de peur lorsque leurs canines viennent déchirer mes chairs inlassablement, je tremble de peur lorsqu’un vampire est à portée… Je vis dans la peur est permanence, et c’est bien le seul sentiment qui se démarque. La soirée passe, lentement, et bientôt le jour arrive. Le jour, je l’ai toujours vécu comme une délivrance… Je ne le vois pas beaucoup dans ma pièce sans fenêtre, et je n’ai pas le droit de sortir, cependant c’est mon sauveur. Dès qu’il arrive mon calvaire se stoppe, et je me sens étrangement en paix.
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C’est une nuit comme toute les autres, mais j’ai grandit… Je suis plus que le petit esclave qui ne sait faire que deux choses, se faire mordre, et faire la poupée pour les invités du maître. Je suis suffisamment grand maintenant, je peux m’acquitter d’autres tâches, plus difficiles, plus contraignantes. Je peux par exemple servir à boire dans le salon du maître lorsqu’il accueille des invités spéciaux, ceux pour qui il se tient bien… C’est ce qui se passe cette fois, il m’a fait sortir de ma chambre pour qu’il puisse montrer quel esclave bien obéissant il possède à son invitée, qui semble spéciale. Cette bouteille qu’il avait réclamée, je la cherchais désespérément, mais il n’y avait plus de 50 ans d’âge, plus que du 30 ans. Je me mords la lèvre à cette constatation. Dois-je lui apporter cette bouteille là, ou alors lui demander si cela lui convient d’abord. Je pose la question pendant quelques secondes, avant d’opter pour la seconde option.
J’entre finalement dans la pièce, peu conscient de l’effet que je peux faire sur l’invitée. Après tout, je ne suis qu’un esclave, et je ne dois même pas lui montrer la moindre attention, alors je me concentre sur le sol, avant de le rencontrer de bien trop près, d’une poussée dans le dos. Je suis plutôt rachitique, pas bien costaud, et une simple pichenette de mon maître pourrait me mettre au sol, alors un vrai coup eut raison de moi rapidement. Pas un cri, ni même une plainte ne se sont échappés de mes lèvres lorsque son pied s’est écrasé dans mon estomac, j’ai l’habitude maintenant. « Et où est donc ce whisky que je t’ai demandé d’apporter ?! Tu es vraiment un incapable. Heureusement que tu as d’autres talents… Nous allons bien nous amuser plus tard dans la soirée. » Je tremble légèrement sous l’allusion… Je ne veux pas m’amuser avec lui… Ce n’est pas drôle ce qu’il me fait, et je suis déjà plein d’effroi à la seule mention de ce qu’il pourrait se passer plus tard. Comme pour limiter mon calvaire futur, je me lève précipitamment, pour me diriger vers la cave. Je n’ai pas pu lui parler du problème, mais à vrai dire, il semble que ça ne soit pas sa principale préoccupation. Je vais donc lui apporter la bouteille de 30 ans d’âge, cela devrait convenir…
Lorsque je reviens enfin dans la salle, l’invitée semblait vouloir s’en aller, et un frisson me fit trembler. Si elle s’en allait, cela signifiait que le calvaire approchait… « Parfait. Je vous ferais parvenir l’argent demain à la première heure. Sur ce, je vais prendre congé et retourner à mon domicile avec mon nouveau bien. » J’ai levé les yeux à ces quelques mots, et lorsque les siens les ont croisé, j’ai compris. Pourtant, aucune émotion ne vient étayer mon visage. Seul le frisson s’en va, je suis rassuré quand à la fin de ma soirée. Je ne serais pas obligé de satisfaire ce pervers détestable. Rien ne me disait que je serais mieux loti, mais m’éloigner de lui était quelque chose de bien, je n’en avais pas le moindre doute. J’ai écouté en silence lorsque mon maître m’a expliqué que j’appartenais maintenant à Lady Wesson, et je suis parti avec elle lorsqu’elle est finalement partie… Je n’étais plus Wesley-Lee Collohway, appartenant à Lord Collohway… J’étais maintenant Wesley-Lee Collohway, appartenant à Lady Wesson. Une vie nouvelle à n’en pas douter !
• • « – Chapitre II ; La maîtresse voit en moi quelqu’un d’autre.»
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Des bruits de pas se font entendre en dehors de ma chambre. Je me suis réveillé il y a de ça quelques heures maintenant, et je n’ai pas quitté ma position fœtale, à même le sol. Je dispose désormais d’un lit, mais par un réflexe malsain, je suis venu me coucher au sol, et je n’ai pas quitté cette position. La peur vient m’envahir lorsque les pas se stoppent finalement devant ma porte. Je me mets à trembler, et mes bras se referment autour de mon cou, comme pour le protéger. Ce n’est qu’une mince protection, cela m’a été prouvé maintes et maintes fois, et pourtant, je ne cesse pas ce geste… Il me rassure d’un côté, même si je sais qu’il n’empêchera pas le vampire de me mordre. Ca y est, la porte s’ouvre, et la lumière m’aveugle comme à chaque fois. Pourtant, j’ai de quoi allumer dans la chambre, mais le noir me rassure. Tant que je suis dans le noir, il ne m’arrive rien, c’est lorsque la lumière se fait que je dois m’inquiéter… Et malgré ça, j’attends toujours avec impatience le soleil. Un brin paradoxal, mais cela ne m’importe pas.
Elle s’approche de moi lentement, avec douceur, comme si j’étais fait de porcelaine. Je n’ai pas l’habitude d’un tel traitement, et pourtant, sa douceur ne m’empêche pas de trembler de peur. Lorsque ses dents viennent pénétrer ma chair, je ferme les yeux, et ferme résolument la bouche pour m’éviter de lâcher un petit cri de terreur. Cela ne dure pas vraiment longtemps, juste suffisamment pour la nourrir et bientôt le calvaire s’achève. Je mets plusieurs minutes à me remettre de la peur perpétuelle qu’est la morsure. Cependant lorsqu’elle me demande de la suivre, je le fais sans même me poser de questions. Après tout, j’ai changé de domicile, de maître, mais je n’ai pas changé, un simple mot et je deviens le petit toutou que tout le monde rêve d’avoir. Je ne sais pas ce qui m’attend, le fonctionnement ici est tellement différent que je m’y perds. Après tout, ce que je faisais avant était simple, j’étais un jouet sexuel, j’étais une poche de sang, et parfois un serviteur lors des dîners plus privés. Je n’étais pas grand-chose, et je m’étonnais de tout l’intérêt que l’on pouvait me porter ici.
Aucun coup ne m’a été donné et malgré mon statut évident d’esclave, je me sentais étrangement libre ici. Nous arrivons finalement, dans ce qui semble être la salle de bain. D’un ton ne souffrant d’aucune réplique, elle me demande de lui préparer son bain, ce qui m’étonne. Je n’ai jamais fait ça auparavant, mais il ne faut pas être devin pour savoir quoi faire. Il ne me faut que quelques minutes, et bientôt, elle plonge dans l’eau chaude, tandis que je reste à l’attendre en dehors, une serviette à la main pour qu’elle puisse se sécher rapidement après son bain. « Rejoins moi ! Alors que je m’avance vers elle, encore habillé, elle ajoute finalement : Déshabille toi d’abord » Sans le vouloir, je me remets à trembler… La nudité signifie encore de la douleur, des choses que je déteste et qui me font peur. Pourtant, excepté mon tremblement, rien ne vient me perturber, et lentement, avec une certaine maladresse, je commence à me délester de tous mes vêtements, révélant peu à peu les cicatrices nombreuses qui parcourent mon corps. Je rentre à mon tour dans l’eau chaude, dos à elle, entre ses jambes, comme elle m’incite à le faire.
Je ne cesse de trembler, et je me demande ce que son imagination perverse a pu imaginer. Je n’ai pas encore dissocier Lady Wesson des autres vampires, et je pense qu’elle est tout comme eux. Cependant, lorsqu’elle vient laver mon dos avec douceur, puis mes cheveux, mes tremblements cessent. Ma peur s’en ait allée devant tant de prévenances, et je me prends à penser qu’elle est différente de lord Collohway.
La vie poursuit son cours. Je n'ai pas changé, je ne suis toujours qu'une coquille vide sans âme. Cependant ma vie s'est considérablement améliorée. Je suis devenu le majordome de Lady Wesson, son esclave personnel le plus proche. Certains moments n'appartiennent qu'à nous, même si je la soupçonne de voir en moi quelqu'un d'autre. Je ne m'en vexe pas, après tout, je lui appartiens, et elle peut faire de moi ce que bon lui semble. Je ne suis qu'une coquille vide, mais il semble évident qu'elle va bientôt se remplir, lorsque je me rendrais enfin compte que je suis comme tous les autres, malgré mon passif...
Dernière édition par Wesley-Lee Collohway le Sam 20 Mar - 18:55, édité 7 fois
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