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Justine B. Arling [fini]

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Justine B. Arling

Ils disent ... Haut-perchée
Justine B. Arling
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MessageSujet: Justine B. Arling [fini] Justine B. Arling [fini] EmptyMer 24 Mar - 20:29

J U S T I N E . B E R T I L L E . A R L I N G
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Justine B. Arling [fini] 3cc
© BABINE

    F E A T . R A N Y A . M O R D A N O V A
    .


    .


    A LITTLE ABOUT ME

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    DATE DE NAISSANCE ; 12 août
    LIEU DE NAISSANCE ; Lousiane, Nouvelle-Orléans
    NATIONALITÉ ; Américaine
    AGE PHYSIQUE ; 17 ans
    AGE RÉEL ; 90 ans
    RACE ; Mutant V
    MÉTIER ; Funanbule | Tueuse à gage




2. Behind the screen, who are you ? .
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      PSEUDO ; Fifou, Fifufu
      AGE ; Je compte, et ça donneee. 16. Yeeees. –cri de victoire remportée sur l’addition-
      PRÉSENCE ; 5/7
      TON PERSONNAGE ÉTAIT ; Inventé
      CODE DU RÈGLEMENT ; ok par Linc' Rolling Eyes
      RANG ; Ils disent ... Haut-perchée
      AUTRE ;
      Merci pour le point *w*
      J'espère que j'ai pas trop mis de "petit", j'ai une légère fixation sur ce mot >_______<









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MessageSujet: Re: Justine B. Arling [fini] Justine B. Arling [fini] EmptyMer 24 Mar - 20:38

1. I’m bad, and maad, and saaad.
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CHAPITRE I : THE HOLY RABBIT

Justine B. Arling [fini] Ibdsg1

St-Prieur abrite des individus pas très recommandables. Qui en viennent aisément aux mains avec des interphones, et qui, plutôt que de s’encombrer de luttes de pouvoir avec des humains, craignent à tout instant les menaces d’agresseurs bien plus tenaces. Leur lit, par exemple. Pourtant le personnel de St-Prieur semble prendre un malin plaisir à les sangler régulièrement sur ce … damné lit. Elle le sait, en est convaincue. Quand bien même personne ne la croirait, elle, Justine, sait tout, voit tout, entends tout comprends tout.
Les draps rêches irritent son dos au travers de la blouse blanche qui l’entrave ; tout comme le mur, si atrocement barbouillé de blanc, qui n’est, finalement que le simulacre du paradis. Il semble bien plus probable qu’elle soit épiée, dans sa prison, en dépit des allures de fausse sécurité. D’abord le rictus sournoisement mielleux qui se dessine systématiquement à la commissure de leurs lèvres mensongères, dès qu’elle les regarde. A qui ? A eux. Ces savants chiens-chiens lobotomisés cachent quelque chose, cela crève les yeux, mais si ce n’était que cela. Sa paranoïa, ou sa méfiance ? … s’endort sous l’effet de ces doses répétées de bonbons blancs. Tous les matins, elle les gobe avec une gloutonnerie simulée, et tente de déglutir sous l’œil d’un vigilant pion blanc. Le tout, sans avaler la pilule. Mais cela ne fonctionne pas toujours.
Au bout d’un certain temps, on finit par lui expliquer que c’est pour son bien, et, si elle s’entête, on lui fait comprendre, d’une blanche caresse sur l’échine, qu’elle a tord. Cela ne saurait tout expliquer, mais sa mémoire est si vide. Si triste. Si délabrée, qu’il lui faut un fil rouge dans toute cette histoire. Sans quoi, elle n’en finira jamais de se jeter contre ces murs blancs, dans cette chambre blanche, dans cet endroit blanc qu’on nomme St-Prieur. Pour une laborieuse entreprise de trépas. Qu’elle manque à chaque fois.
Il lui faut un fil rouge.
Il lui faut un fil vert.
Il lui faut un fil jaune.
Il lui faut un fil multicolore. Technicolore.

**
*
Mais comment en est-on arrivé là, me demanderez vous ?
Quelque part, dans la fange et la misère, une femme met bât. Elle donne vie à un rejeton, à moitié bête, qui crève ses entrailles, tandis qu’elle hurle de douleur. Petit monstre qui lance sa génitrice sur la grande autoroute de la mort. Pantin désarticulé s’étouffant, crachotant, ayant tout juste assez de force et de bave pour commencer à vagir dans ce gouffre froid et impitoyable qui l’accueille. La femme glapit, et, en réponse, le fruit de ses entrailles beugle avec toute la bestialité dont son petit corps chaud et prédateur dispose. Une nausée s’empare de la femme lorsqu’elle aperçoit enfin le produit. C’est pas sa faute, faut bien le préciser, elle ne pensait pas que ça arriverais, mais bon, sur l’instant, il n’y a jamais que la bile pour la consoler. Alors, aussitôt, elle dégueule sur sa paillasse ensanglantée, avec cette arrière-pensée saugrenue. Pourvu que ça se noie dedans. Sentant son chagrin s’apaiser légèrement, sur le coup. Ca ne durera guère, hélas, et bientôt l’enfant affamé viendra en rampant réclamer son du. Pourvu que ce soit une fille, elle pourra plus vite ramper sur le trottoir. A la façon de sa mère. Derrière sa mère.
Hélas. Ô misérable destinée. Elle ne peut se douter que dans la caboche fêlée de l'ange se dérouleront des scènes peu nettes. Qu'elle rencontrera des vampires, fera joujou avec des vampires, on ne sait trop pourquoi. Aura les dents longues et finira par faire commerce de son âme. Fera alliance avec une humain peu scrupuleux. Aura une mémoire défaillance. Mais, du moins, restera une mégère jusqu'à son dernier souffle, on suppose.



CHAPITRE 2 : RABBITS FABULOUS ADVENTURES




Justine B. Arling [fini] 1z36snd
(3 ans plus tôt)
Elle s’avance, près de la porte d’entrée, plaquée au mur. Tendue. Les mains enserrant avec angoisse la poignée de l’arme. Ses cheveux blonds délicatement hérissés par la chair de poule. Alors même que Justine sent la terreur perler jusqu’à la commissure de ses lèvres. Et dans ce long instant d’appréhension, la fille cherche à faire abstraction du crissement du plancher, des braillements qui émanent des diverses chambres. Elle allait le massacrer, cette sale petite enflure. Lui laisser toute juste assez de chair sur le visage pour qu’on l’identifie comme victime d’un meurtre. Pourquoi ? Parce que. Parce que … Elle n’avait pas à se justifier. Tout était une histoire entre cette petite pourriture de vampire en qui elle avait cru avoir confiance, jusqu’à ce que …
Elle passe ses doigts sur les deux petites cicatrices qui trouent sa peau. Il a de petites quenottes, ce qui ne l’empêche pas d’être particulièrement gourmand. Lorsque Justine avait ouvert pour la première fois ses petites paupières endormies, elle ne parvenait alors pas à distinguer autre chose que les ténèbres, tout cela, assortit d’un désagréable pressentiment. Et pour couronner le tout, une odeur bizarre. Bizarre jusqu’à quel point ? Bizarre en quel degré, son instinct ne saurait le dire. Déséquilibrée, en proie à une terrible confusion, le petit monstre tentait alors de vagir pour appeler à l’aide, mais hoquetait, et quelque chose semblait vouloir l’étrangler, au niveau même de sa gorge. C’était du sang, elle s’en doute. Mais ne comprenait pourtant … pas. Justine crachotait, sa respiration se faisant plus sifflante et même dans sa tête le tambourinement de son cœur se faisait plus lointain, plus terne, plus vague. Il faudrait pourtant la retenir. Elle ne veut pas mourir. Ne sachant pas ce qui l’enchaîne à cette vie, mais en redemandant encore, petite goinfre, visiblement quelque peu masochiste.
Quand enfin, sa vue troublée lui laissa entr’apercevoir un avant-goût de ce à quoi elle aspirait tant, elle se retrouva confrontée à un sinistre carnage, et c’est de nouveau vers les pleurs que la nouvelle-née se tournerait. Mais rien de réconfortant dans cette position abracadabrantesque. Alors qu’elle se tortillait comme un vers de terre, qu’elle se débâtait, elle finit par se retrouver à genoux, sans vraiment savoir comment … à genoux. Ses mains étaient ballantes. Tout autour de d’elle était rouge. Le tapis persan, les commodes étaient tapissées de projections rouges, ainsi qu’elle, gisant là, bout de viande rouge. Même sur le grand trumeau, la trace d’une main rouge entachait l’auguste beauté de l’objet.
Un frisson. Mais ce qui l’inquiétait d’avantage, elle qui n’y comprends rien à ce cirque, ni sa signification, ni son pourquoi, c’est qu’une lame de scalpel fouillait ses trippes. Et qu’une rivière pourpre coulait de toute part de son corps. Dans son amnésie suicidaire, avant de tomber, sans savoir pourquoi, le nourrisson avait tout juste eu le temps d’extirper l’objet de son corps.
Mais Justine chasse ces pensées si mornes. Ce gentil petit crétin –ce doit être Andréa, qui attend derrière la porte avait fait d’elle un vampire. Soit. Elle avait survécu. Soit.

Elle l’étranglerait d’abord à moitié, avec une jubilation terroriste, l’assommerait d’une caresse. Et, quand il aurait repris ses esprits, elle commencerait son travail jusqu’à ce que ses trippes satisfaites consomment avec ennui la mort du supplicié.
Et autour d’elle, dans l’atmosphère saturée du musc de la terreur, ne planait jamais que cette agaçante ritournelle. Musique folklorique. Russe, sans aucun doute. Le rat avait bien choisit sa tanière, entouré d’une ribambelle de sac-à-vins tous plus douteux les uns que les autres, cuvant la journée pour pouvoir mieux recommencer le soir, en leur vie saccagée de misère et de bassesse. Alors, il finissait par noyer tout cela, cette chose hideuse qui semblait, avec les excès, tellement plus dorée. Quand bien même il aurait suffit de gratter d’un ongle hargneux cette frêle enveloppe. C’était déjà mieux que rien.
Justine hume l’air. Et s’aperçoit que se mêle à ce joyeux tintamarre comme une odeur de fumée. Qui lascivement s’entortille entre ses neurones, et tente mièvrement s’apaiser sa colère. Après tout, n’est-ce-pas ce que lui dicte également sa raison ? La violence ne résout pas les choses. Cependant, l’image furtive éclabousse sa vue, et chasse toute la pesanteur hors de ses muscles. Avec son sang, éparse sur le tapis persan du salon. Des marques blêmes entourant son joli cou d’angelot sacrifié injustement. Avec, autour du son poignet, un ruban blanc. La couleur de l’innocence, de la pureté, lui avait murmuré Andréa avec perversité et sadisme. Déchargeant, vomissant sa folie sur elle. Pauvre petite ordure, songe encore Justine. Et son cerveau s’abreuve de ces mots doux, qu’elle va sans doute bientôt pouvoir susurrer à l’oreille de ce précieux ami. Cet ami qui lui voulait tant de bien.
En plaquant l’oreille contre la paroi du mur pourrissant, elle entend un crépitement acide, associé à un léger bourdonnement de fond. Sans doute, le coupable se faisant griller un bout de viande, tout en écoutant une légère musique. Etonnant de la part d’un vampire, mais Justine ne relève pas. Puis la musique russe virevolte de nouveau, et dans un vacarme déjanté, reprend sa sarabande infernale. Tous les bruits sont couverts, de celui de ses pas, qui glissent sur le plancher véreux, au beurre qui fond dans sa casserole. Et entoure le lard d’une onctueuse bave bulleuse.
Alors, sans même réfléchir, Justine se décolle du mur, et attrapa la poignée de la porte, avec tant d’énergie, qu’il lui semble qu’elle va l’arracher, d’un moment à l’autre ; sans le faire exprès. Juste d’une telle promptitude. Et la musique s’en va decrescendo. Pour repartir de plus belle, accompagné d’un rire gras. La fille affermit sa prise, caressant presque maintenant l’objet déglingué, pressant son autre main moite sur le manche du katana d’argent. Puis fonce, tourne la poignée, ouvre dans un vrombissement tourbillonnant la porte décrépie. Et s’élance dans la pièce avec un cri de rage, sauvage. Ayant tout juste le temps de voir trois yeux, braqués sur elle. Elle sait qu’elle court, pourtant le temps semble figé, comme si elle n’avançait plus. Et par intermittence, le visage d’Andréa change d’expression, sa petite bouche mutine se tord d’un rictus sournois, en cœur. Oui, il t’a bien eu. L’épée est haut au dessus de sa tête, et Andréa, sur sa chaise à bascule, est en face d’elle, le sourire au lèvre.
Et l’œil du canon la fusille soudainement.
N’ayant pas le temps de réagir, Justine se sent pourtant vibrer à l’unisson avec son corps et son âme, lorsque Andréa appuie sur la gâchette. Il n’y a plus de musique. Juste son corps, repoussé par la décharge brutale et souveraine de la cartouche. Qui traverse en sens inverse la pièce. Et toute cette maigrelette distance parcourue est rebroussée. Jusqu’à ce que le mur la réceptionne, jusqu’à ce que sa colonne craque son l’impact.
Tandis que, suffoquant, la fille s’effondre un peu plus, sale petit paquet de linge sale, spectacle d’un instant à l’éminence folle régnant en ces lieux. Une mouche vole, semble éteindre méthodiquement tous les bruis. Et Justine devient sourde, et insensible, n’a plus le goût salé du liquide tant attendu en bouche. Et amère, voit Andréa se lever de son rocking chair, les sourcils arqués par une surprise grandiose. La crosse du fusil contre le flanc, il écarta d’un coup de patte le katana qui gît aux pieds de sa maîtresse. Inanimé. Et terriblement inutile. Le corps de la fille se raidit, et pourtant sa poitrine palpite. Elle manque d’air, d’oxygène, mais chacune de ces bouffées lui déchire les côtes. Et lorsque sa vue, à son tour la lâche, il ne lui reste plus en ces ténèbres lumineusement douloureuses que l’odorat.
Il est là, c’est une évidence.
C’est son odeur. Une odeur forte, de toute évidence, légèrement poivrée, assortie d’un musc différent, carrément bestial. Sa peau trempée d’humanité se rapproche d’elle, et le banc d’odeur se déplace plus prêt, et devient envahissante, de telle sorte qu’elle l’imprègne. Et elle ne sait plus. Ayant envie de planter sa mâchoire une dernière fois en direction de l’odeur de graisse cuite.
Et enfin, l’inconscience libératrice.
**
*
Dans les contes de fées, toute princesse qui se respecte s’attend à recevoir un suave baiser de son prince charmant, qui, sitôt, l’embarquera sur son destrier pour une fastueuse lune de miel. Hélas, pour Justine, la réalité n’était pas aussi charmante, ni aussi savamment coloré par un frère Grimm bien intentionné. Non, définitivement, le monde est trop mesquin.
Ce fut une baffe qui la tira de son bienheureux sommeil apaisant. Une baffe. Une main glacée hérisse sa peau, sans même lui laisser la force de grelotter. La douleur est là, palpable sous sa carapace poisseuse de sang coagulé, toute gluante et s’accrochant sans répit à son tee-shirt. La sueur est encore là. Quelle qu’en soit sa nature. Et brille désespérément sur son corps anguleux et déformé. Sa cage thoracique se soulève fébrilement, et enfin, ses yeux clos retrouvent la lueur aveuglante du jour.
Ou d’une lampe de poche à l’éclat virtuose.
Sa pupille se dilate pour aussitôt se rétrécir, agressée par tant de spontanéité. Mais suit néanmoins attentivement le visage qui se dessine derrière la lampe. Cette main qui secoue le manche orange criard de l’objet. Et la chaînette qui valdingue grossièrement à côté du néon.
« Ah, elle s’est réveillée. Pas trop tôt. »
Il tape la marchandise d’un bon coup de lampe de poche. Les os ne sont pas brisés, mais sa chair écarlate la brûle. Elle n’a pas droit à la parole, néanmoins. Elle est un bout de viande, après tout. Sans droit. Sans volonté. Raidie par un bon séjour en congélation, qui mériterait tout juste d’être rôtie, mais, qui, pour cause de piètre qualité, est destinée aux ordures. Et où balance t’on les ordures, me demandez-vous ? Dans une poubelle. Et lorsqu’il s’agît des humains, cette grande déchetterie s’appelle un cimetière.
L’herbe se mêle à ses cheveux, comme si mère nature voulait également se liguer contre celle, qui, finalement ne veut jamais que réclamer justice. Et comme nul ne saurait la lui octroyer, elle décide de faire justice elle-même. En vain. Il semblerait qu’elle n’y ait pas droit. La lumière s’éloigne, et la fille se met à hurler dans la nuit noire. Jusqu’à ce que le visage d’Andréa ressurgisse dans son cadre de vision, ce visage vagabond où traine avec une langueur impudique la trace du mal le plus absolu, mêlé à un sadisme épicé. Il tapote la joue de la fille, avec un air de reproche, mais semble, dans le même temps avoir envie de lui arracher tous ces cheveux un à un. Une grande première. Andréa faisant preuve de modération ? Voilà qui devait cacher de bien vilaines choses. Mais elle ne pense plus à cela. Attendant juste qu’il approche un peu trop sa main, pour la chopper et mordre à pleine dents. Mais hélas, il a tout prévu. Il donne néanmoins un petite claque rassurante à la poupée aux boucles blondes, et lui tire gentiment la joue. On aurait envie de lui faire des papouilles. De la rassurer et de la serrer dans ses bras.
Puis soudain, sa tête se retourne, et Justine perçoit qu’elle n’est plus le principal centre d’intérêt de son tortionnaire, tandis que son profil d’ange primitif se meut légèrement, et ses yeux errent au loin, en une direction qu’elle ne peut voir. Elle n’ose cependant pas parler. Non par crainte de l’individu, mais plus par résignation fatale. Puis que oui, dans ce cimetière, c’est aujourd’hui sa mort que l’on va pleurer. On déposera des fleurettes bariolées sur un monceau de terre fraichement remuée. Ou peut-être, tout simplement, marchera-t’on sur sa tombe sans même savoir ce qu’il y a là-dessous, dans un caisson miteux. En décalant légèrement sa tête, elle aperçoit par la suite la Deux-chevaux d’Andréa, cette vieille carlingue pourrie, vague carcasse d’une autre ère sans doute plus clémente. Et son cœur déséchés s’anime alors, lorsqu’elle voit à côté de l’auguste épave une jeep. Rayée. Bizarre. Vraiment bizarre.
Voilà qui lui rappelait quelque fâcheux souvenir d’une époque où cet infernal trio s’amusant à faire fi de tout ce qui pouvait les séparer, eux vampires, elle humaine, respectivement dans leur auto. Ils ne savaient pas trop où ils s’étaient rencontré. Sans doute dans un bar. Alignant les trois bagnoles, ils filaient par la suite dans le vent. Ou peut-être n’était-ce là que le résultat d’une hallucination, une chose qui ne s’était jamais produite. Trop d’imagination. Voilà une chose qu’on lui avait bien souvent reprochée.
Enfin, Andréa reporte son attention sur son gibier, et, de nouveau lui sourit avec une perversité engourdie de malfaisance. Et là, à ce sournois paysage vient soudain d’ajouter la tête de l’exécrable petite teigne du nom d’Irina. C’est ironique, songe t’elle. De devoir régler ses comptes en famille, et de ne pas posséder cette faculté de détachement qui permet au moins d’épargner une partie du troupeau. Mais non. Andréa, Irina et enfin Justine, les meilleurs amis du monde accompagné du pigeon, venus achever ce qu’ils avaient commencé ici. Avec une lâcheté conspiratrice, Justine se mets alors à remuer sa mâchoire qu’elle sent légèrement tremblotante. Et une fois qu’elle en a repris pleine possession use ses cordes vocales pour émettre un cri rauque et terne. D’une voix de fumeuse usées par la cigarette. Ou celle d’une grand-mère paniquée. Elle ne sait elle-même que dire. Mais hurle, et sent ses poumons se gonfler de cette rumeur grotesque.
Cependant, son cri est vite interrompu. Et, pour le coup, comprends clairement que ses faibles vagissements ne feront que provoquer l’ire de ses souverains tortionnaires. Quelque chose craque et s’enfonce souplement dans ses muscles avant de reprendre leur place dans une élasticité prodigieuse. Coup de pied. Avec des bottes, devine-t-elle. Pointues. Et à tallons. Ce devait être cela qu’elle a éprouvé.
« Mais fermes-là, pauvre idiote. »
« Ménages la marchandise si tu veux t’amuser, Irina. »
« Et toi fermes-là aussi. Je te rappelle que tu m’as suggéré toi-même de venir régler mes comptes, non ? »
« J’avoue. Qui y aurait résisté ? »
Arborant un sourire satisfait.
« Certes pas moi, gazouille allègrement la fille. »
Les deux fous se retournent alors vers elle et Andréa présente à son champ de vision deux objets. La lampe de poche, et le bâillon.
« Tu sais, à la base, nous aurions pu rester amis, Juju. Mais tu as tout gâché. »
Les autres ont toujours tous les tords.
« Alors voilà, tu as même essayé de venir nous tuer. C’est tout de même assez … lâche. Alors, pour me venger, je t’ai amenée ici. Après avoir délibéré longuement, nous avons trouvé un châtiment à la hauteur de ta trahison. Enfin, il te reste maintenant à choisir lequel tu préfères. Tu sais, j’imagine, de quoi il retourne, lorsque je te présente chacun de ces objets. Le premier, déclara t’il en exhibant d’un geste commercial, c’est un bâillon. Pour bâillonner les gens. Et on bâillonne les gens pour qu’ils ne hurlent pas. »
Très pédagogique.
Justine jette un œil anxieux sur Irina. Qui bizarrement, tiens quelque chose le long de son corps svelte. Quelque chose, au manche vert, et, de l’autre côté, du côté des voitures, Justine distingue comme … une boîte à outil posées sur le capot de la jeep. Une serpette ?
Et l’autre de continuer sa diatribe.
« Car oui, lorsque le corps humain souffre, il a une forte propension à exprimer sa douleur –corporelle, donc, d’une façon très irritante. Nous avons donc comme premier choix, décidé de faire montre de justice correctionnelle. Tout en te laissant la vie sauve. Une leçon de vie, tout simplement, mais … »
« Abrège, Andréa. Je suis sûre qu’elle va prendre l’autre, de toute façon, grogne Irina, d’un claquement de langue exaspéré. »
« Très important d’informer le client. Mais bon. »
Il montre la lampe, tout sourire, de nouveau, et tapote toujours la joue de Andréa, dont les paupières papillonnent vaguement. Légèrement psychotique.
« Deuxième option. Nous faisons montre de beaucoup plus de sérieux, et en même temps de clémence. Sais-tu pourquoi nous t’avons fait venir dans un cimetière. Oh, et non, non non, ne réponds pas ! »
« Pour l’enterrer ! éclate Irina, comme pour débuter une chansonnette. »
« Tut tut tut ! N’effrayons pas nos invités. Quel manque de bienséance. »
Il se tortille pour masquer son excitation. Puis reprend, tout enthousiaste.
« Nous t’offrons ceci, pour que tu n’aie pas peur du noir. Et peut-être pourras-tu troquer ton paradis contre une lampe de poche. Ca doit être inhabituel au paradis, les lampes de poche, non ? »
Silence.
Alors, « Juju » comprends qu’on attend une réponse d’elle. Ne cherchant à pas à se débattre, à peut-être décevoir ses tortionnaires. Les connaissant mieux que personne au monde, sans doute, partageant leur folie croissante. Pendant un temps, du moins. Jusqu’à ce que leur organe encéphalique ne réponde plus à aucun signal émit par une certaine entité qu’on nomme vaguement « raison ». Alors, tente de bouger sa nuque endolorie, tente de lever la tête du côté de la lampe de poche, plutôt que de celui qui pour elle représente la boîte à outil. Qui vomit sa ferraille rouillée sur le capot de la jeep. Aux objets sans doute très hétéroclites s’ils avaient attirés l’attention d’être tels que ces deux dingues. Inédits. Signifiant de toute façon quelque chose de très douloureux pour elle.
Elle préférait encore mourir de faim, de soif, d’isolement. De terreur, peut-être, lorsque dans le noir, les piles l’ayant lâchés, ses membres engourdis finiraient ne plus lui répondre. Et elle prendrait conscience de sa position, cherchant en vain à se réveiller de cet imprudent cauchemar.
« AH ! Je l’savais. La lampe de poche. J’en étais sûre. »
Elle jubile. Après tout, c’est ce qu’elle voulait. Même si Justine, en son fort intérieur, est persuadée qu’Irina aurait préféré la tabasser. Tabasser les gens a tellement plus de saveur que les laisser crever bêtement. C’est au moins un plaisir, un passe-temps utile, un défouloir pour relâcher la tension nerveuse accumulée.
Rembrandt se relève. Et se dirige vers les voitures, laissant seule Irina là.
« On la ligote, et on exhausse ses dernières volontés, donc ? demande Irina. »
Vaguement déçue, il lui semble. Mais sitôt qu’andréa a le dos tourné, Irina s’accroupit à ses côtés, tandis plus un membre ne répond. Son sourire s’élargit. Elle lâche sa serpette, et, se mordille la lèvre inférieure de jubilation.
« Tu ne sens plus tes membres, mon chou ? Oh … pardonnes-moi, sincèrement. Je n’y pouvais rien. C’est Andréa qui le voulait. Mais j’ai tout calculé, ne t’inquiètes pas. »
Clin d’œil.
« Tu seras en possession de tous tes moyens physique quand tu seras là-dessous. N’ai aucune crainte à ce sujet. Tout cal-cu-lé. Méticuleusement. Cependant … Théoriquement, il a dit qu’on n e devait pas t’abimer. Le seul souci, c’est que je suis venue régler des comptes, moi. Je ne veux pas repartir le ventre creux, tu comprends bien ça, Juju. Tu n’es quand même pas si bête, toi. Pas vrai ? »
Et Irina se redresse subitement, d’un bond. Comme rappelée à l’ordre par une gouvernante imaginaire lui dictant un peu plus de self-control et un débit un peu moins trash. Elle s’en retourne, toute fragile et légère, dansante et mutine, et galope vers son beau fou. Avec lequel elle semble alors entretenir une discussion animée. Et lorsqu’Irina revient vers la gisante, toute rose et essoufflée, atterrissant comme un pétale de rose à ses côtés, et avec une vivacité suintante de sadisme. Lui glisse à l’oreille, une parole sans malice.
« La lampe de poche, il te l’a accordé. Mais moi, il m’a dit, le bras gauche, tu peux. Ne viens pas me dire que c’est moi qui suis sadique, n’est-ce-pas ! Il le sait pertinemment que tu es gauchère. Je ne lui ai pas proposé, minaude t’elle, tel un chat devant une friandise sucrée. »
Irina. Hihihi ! C’est son rire, qui sort de sa gorge blanche et fraiche, tandis que sa figure à elle est pleine de boue, de terre ingrate.
« Dis-toi que c’est de bonne guerre. »

**
*

Justine tente de relever la tête, mais retombe immédiatement, son front se cognant avec rage contre une plaque de contreplaqué qu’on a du poser là il y a peu. Ses cheveux sont plaqués à ses tempes. Sa peau moite semble s’engluer dans son petit caisson, mais, dans ses mains fébriles, croisées sur sa poitrine comme dans un précieux conte de fées, se tient l’objet salvateur, l’objet qu’elle a choisit. L’objet supposé éclairer son agonie lente et suffocante. Puis un bruit vient marteler son crâne. Comme si on enfonçait une série de clou dans sa tête ? Et le bruit s’en va croissant, en même temps que la lumière décline, à l’intérieur de son sarcophage angoissé, petite poupée enrubannée dans du chatterton. Reprenant sans doute enfin conscience après une longue période d’absence. Ou de lâche amnésie. Son t-shirt, tout hideux, tout crasseux, ce misérable torchon, cette loque grise désormais égayée par une série de ronds rouges, aux tailles variées. Et puis même son bras gauche, plus simplement, avait pris une très vilaine courbure, le creux du coude ressemblant déjà d’avantage à un tas de chair ramassées, pétries. Le tout s’auréolant d’une couronne violacée.
Un nouveau coup. Qui lui explose scrupuleusement les tympans. Et le peu de lumière qui lui reste s’émiette encore un peu, et l’obscurité grignote tout espoir de rédemption. De vie. De survie. Et de nouveau, ils enfoncent un clou dans le bois qui grince et se démène. La captive tente de remuer les bras, mais ses articulations léthargiques semblent ne pas vouloir s’éveiller de ce coma qui pourrait bien devenir létal. Seuls ses nerfs ont le mauvais esprit de rester bien vigilants et de lui transmettre dans un afflux constant et outrageusement précis la situation de chaque parcelle de son pauvre corps. Depuis ses pieds, engoncés dans leurs bottes ; la corde qu’elle sent au travers du cuir des chaussures ; son jean qui semble être une deuxième peau, elle aussi hérissée ; ses poignets scotchés, et surtout le gauche, massacré, torturé, tordu. D’ailleurs, les ongles de sa main droite sont pleins de terre, de boue, et peut-être de morceaux de peau ? Puis son cœur, son petit cœur tout endolori, lui aussi, cabossé et irrité. Qui s’anime et s’emballe sans commandement tant il a la trouille. Et il semble même avoir gardé la trace d’un baiser sur la joue gauche. Baiser maternel –ou paternel ?- de l’adulte qui voit son poussin d’enfant adoré quitter la demeure pour un très long voyage, très loin de la maison, très périlleux aux yeux des parents.
Pourtant, tous crépitant de larmes que soient ses yeux, Justine ne lâche pas un gémissement, ne desserrant les dents que pour inspirer l’air qui semble devenir moindre, à chaque seconde.
Plus un clou. C’est le troisième, qui rogne et mord le caisson. Son caisson. Qu’elle aurait imaginé cependant avec un peu de velours violet, dans lequel le sommeil éternel aurait au moins eu l’avantage d’être luxueux.
Plus un clou, qui bouffe avec voracité son dernier et minuscule coin de paradis. Des voix s’entrechoquent dans sa tête, et qui lui semble sur le point d’imploser, mais toujours, elle se mord les lèvres jusqu’au sang, pour ne pas exciter un peu plus leur folie en jappant un faible appel à l’aide. Ou un simple gémissement paralysé de frayeur. Puis, lorsqu’enfin elle se retrouve dans l’obscurité la plus ferme, elle entend un sifflotement gaillard, et une voix de crécelle. Un choc, et le couvercle de son cercueil qui vibre à chaque fois qu’ils envoient un peu plus de terre valdingué sur ce capot de bois. Et sanglote alors, incapable de se contrôler, tentant de se recroqueviller, en vain, toujours pieds et mains liés, raide et rigide jusqu’au dernier moment. Dommage. Elle se serait volontiers fichu une claque. Mais ne parvenant pas à se calmer, elle décide alors d’allumer la lampe torche. Dont la lumière pisseuse ne parvient pas à apaiser les spasmes de son corps anguleux, lui arrachant tout juste un soubresaut de plus.
Ses pupilles se dilatent et scrutent les quelques centimètres carrés qui planent au dessus d’elle, cieux improbables, irrésistiblement annonciateur d’une sorte de châtiment divin.
Abyme larmoyant et pourrissant sous l’haleine fétide de la Mort. Où cela la mènera-il ? Elle n’en a pas la moindre idée. Pas plus qu’elle n’a idée des durées, des secondes, des minutes qui s’écoulent. Ni même combien de temps la pile tiendra encore, et lui délivra la seule source de vie qui lui reste encore. Il s’est déjà peut-être passé 4 heures, plus ou moins, et maintenant ce sont ses entrailles qui s’égosillent et clament leur faim. Tout, dans son corps se déstructure ; plus rien ne voulant obéir à une quelconque raison, ordre ou organe susceptible de fédérer ses maigres forces. Son âme se repend, et sanglote lamentablement, sans courage ni hargne, penchée lascivement sur les souvenirs de ces dernières 72 heures. Son cœur batifole, s’amuse à lui offrir de belles frayeurs. Et tous ses muscles semblent vouloir se pétrifier, pour se dérober à se qui s’annonce être l’ultime combat ?
Tout ? Sauf, peut-être, sa jambe gauche, qui frétille dans un soubresaut. S’anime et gigote avec la ferme intention de redonner un peu de volonté à ce petit corps duveteux. Elle a envie de sortir de ce cachot, mais n’en sait encore rien. Quand une idée enfin l’effleure très légèrement.

Alors la fille dépose la lumière salvatrice sur son bedon frissonnant, et, toutes griffes dehors, tente de se déchausser, d’extirper ses bottes qui étouffent ses pieds malgré la fraîcheur. Ces mêmes bottes dans lesquelles, ingénieusement camouflé, gît un petit objet métallique. Tranchant de préférence. Et qui s’exhibe avec des airs de Deus ex machina, quelque peu pompeux, mais terriblement bienvenu. D’un mouvement redondant, cherche à se débarrasser de la botte, à glisser ses chaussettes hors du cuir, et ce, d’une façon suffisamment délicate pour éviter que l’objet argenté ne s’éclipse dans un coin ténébreux du cercueil.
Haletante, au bout de minutes qui lui semblent des heures en plus, perdues, évaporées, évanouies dans la densité obsédante de la mort, elle parvient à faire glisser son pied hors de la botte, libéré maintenant de l’impedimenta majeur que constitue la corde. Ou ficelle de cuisine, tout compte fait ? Elle ne sait. Son pouls s’agite, à mesure qu’elle se tortille et se dandine en repoussant les litres d’air, se cabre, fait des folies. Le sang monte à son crâne et menace de lui faire perdre connaissance, tant la tension accumulée fouette son anxiété. Sans répit. Mais elle y parviens. La botte glisse le long de son flanc épuisé. La bête ne crèvera pas encore, songe la fille avec un instant de gloire. Elle se retourne, tente de se mettre sur le côté pour pouvoir approcher ses mains liées de la botte, et trifouiller à l’intérieur de celle-ci. Quand bien même les échardes s’enfoncent à travers le tissu, à chaque fois qu’elle étend les mains plus profondément à l’intérieur de la botte. Et elle ne parvient pas à attraper l’objet. Panique. S’affole complètement. Tente les mains, mais ne parvient pas à agripper la chose, à la saisir entre ses doigts pour la retirer de son gouffre saturé du musc de la peur.
Ses pupilles se dilatent encore un peu plus, et il lui semble que sa conscience va bientôt être annihilée. Ce n’est qu’une question de minute. Un ange, un spectre est tapi à quelques mètres d’elle, elle qui ne peut le voir, tout juste sentir sa mélique présence surnaturelle. Mais elle se refuse à un tel destin.
Dans un ultime élan, elle retirer la lime rouillée de la botte, sans pouvoir s’empêcher de l’accueillir d’une moue légèrement boudeuse. Une lime ne suffirait qu’à la libérer de ses liens. Ne serait cependant jamais suffisant pour défoncer la plaque de bois, toute fine qu’elle la supposait. Ses mains tremblotantes s’approchent avec l’objet sacré, des lèvres entr’ouvertes de Justine, qui, sitôt à portée, s’empresse de vouloir de happer entre ses cros.
Trop de précipitation. Il tombe.
Elle n’a plus la force de jurer. Se demande, encore toute fébrile, où il est passé, sans plus regarder autre chose désormais que la plaque de bois contre ses pieds. C’est par là qu’il va passer. Par où le pourrait-il ? Quoi de plus sournois que de la prendre par surprise ?
Quand, enfin, elle sent l’objet entre ses quenottes, elle referme ses mâchoires sur ce mors improvisé, et se met en devoir de limer les cordelettes qui étranglent ses poignets. Avec toujours, un regard superstitieux vers le fond du caisson.

**
*

Soupir exalté lorsque l’emprise de la ficelle se relâche et que ses poignets embrassent l’air impur.
Alors reviens éclabousser son visage une vieille histoire. Si inutilement vaine. Et pourtant.
Justine, poupée de verre, imagine t’elle aujourd’hui. La pointe de ses doigts s’aligne sur une ligne imaginaire perpendiculaire au bois du caisson. Ensuite. Avec une vivacité inouïe, Justine resserre son poing et l’envoie valdinguer sur la paroi. Qui ne bronche pas. Mais ses jointures ne tarderont pas à demander grâce.
Elles ne comptent pas, sages soldats disciplinés.
La fille réajuste la lampe de poche. Son regard ténébreux se fige, se durcit, et désormais ne plane plus que ce point qu’elle a choisit pour se frayer un chemin. Qu’importe l’issue ?
Une fois de plus, elle aligne la pointe de ses doigts. Le choc lui rappelle l’impact des clous, qui pourtant lui semble si lointain, désormais. Ou si proche ? Peut-être était-ce tout à l’heure. Le bois est tâché de sang, et des échardes s’enfoncent entre ses cartilages et se glissent imperceptiblement dans sa chair. Comme dotés d’une vicieuse intelligence qui les guiderait le plus proche possible de ses nerfs. Pour les faire craquer. Exploser. Les défoncer, et vaincre la poupée de cristal.
Elle frappe. Maintenant, le sang gicle et s’étale vulgairement sur son t-shirt. Ce n’est pas grand’chose, juste suffisant pour lui rappeler que toute coriace qu’elle soit, elle est toujours vulnérable. Triste chose affligée, qui n’a pas même la force de pleurer.
Elle frappe. Cruelle horloge, clepsydre infernal ou peu s’en faudrait.
Elle frappe. Et le temps imparti s’écoule. Son bras gauche gît, paralysé, inerte, d’une totale inutilité, encore grinçant du rire d’une certaine folle. Tout déformé. Il aurait pourtant été bien important.
Elle frappe. Une nouvelle unité de temps s’impose à son esprit, dans cette dimension où il lui semble d’ailleurs que la lumière fléchit. Et soudain s’éteint. Elle voudrait rouvrir les yeux, mais seul le filament grillé lui indique la véritable nature de cette obscurité.
Elle frappe avec une rage décuplée, quand soudain son poing transperce avec une force fulgurante le bois, fait voler en éclat le cercueil. Le noir s’engouffre et pèse sur sa poitrine, s’entasse. La fille a juste le temps de voir … ou croit voir ? une apparition vers ses pieds. Un bras blafard qui s’étend et s’enroule comme un serpent le long de son mollet. Caresse obscène venue d’un autre monde. Sa peau frissonne, mais elle trouve encore la force affolée de s’extirper de sa fosse.

**
*
Entre les racines de la tombe de Violetta Rancorth-Smith, un joyeux tumulte semble précipite un dangereux éboulement. Oh, il est bien vrai que ce cimetière n’a pas bonne presse, que quelques gothiques éthérés y tiennent des cérémonies particulièrement trash. On dit même diabolique. Je n’ajouterais aucune foi à de tels témoignages.
Pourtant, le citronnier crevé tenant compagnie à la-dite Violette éplorée remue comme un beau diable. Quand soudain, une main émerge de la terre, telle celle d’un zombie, avec une force détonante ; et le soupir rauque du monstre retentit dans la nuit claire.
AH ! Violetta Rancorth-Smith était revenue d’entre les morts. Nul ne saurait dire si il s’agissait là de l’œuvre de ces quelques goths déjantés. Mais il est certain qu’on leur ferait porter le chapeau.
Bientôt son visage en sang émerge. Ses cheveux fangeux, sa démarche de zombie, sa peau pâle ; tout y était, bien sûr, pour en arriver à la conclusion vénéneuse dont se nourrirait une bonne femme du coin. On raconte qu’il y a beaucoup de sorcière par ici. Brrr.

Et lorsque son corps déformé fait un pas, le monstre sanglant semble cependant hésiter, encore bancale, incertain du témoignage de ses sens absurdes et trompeurs. Qui va-t-il manger pour le souper ? Qui va-t-il mordre pour rejoindre son éternel cavale damnée ? AH AH AH !
Il ne le sait, se contente de rire d’une façon démente, dans la nuit noire, la bouche écumante de rouge.

**
*
Qui avait bien pu avoir l’idée de construire un cimetière à des kilomètres de toute civilisation ? Le dernier rayon de lune aux doigts roses lèche la fille, s’introduit dans ses plaies et examine, consciencieux médecin, et cherche un diagnostique.
Mais son regard voilé rencontrera bientôt une bicoque de bois. Peu fréquentée, bien évidement. Elle va y mettre les pieds. Il la regardera d’une façon intrigué ; lui demandera si elle a besoin d’aide. Elle lui dira bonjour. S’excusera de son état. De sa grande fatigue. Mais elle a eu un accident. Un terrible accident. Et aurait besoin de passer deux coups de téléphone. Il va lui indiquer un engin préhistorique, de l’autre côté de la baraque. Va la suivre du regard. De peur qu’elle ne tombe dans les pommes. Mais elle fera un signe de la main, encourageant.
Ses appels seront destinés à trois numéros distincts.
Pour le premier, elle hésitera. Et sur la messagerie à la voix traînante, elle laissera le message suivant : « Salut, Edna, ça va ? Ecoute, c’est Alice, j’ai eu un petit empêchement pour hier soir, mais ne t’inquiètes pas, je vais bien. » Elle n’a pas d’ami. Personne qui l’attende.
Et le suivant, ce sera un garçon qui décrochera. Voix terriblement suave. La voix d’un arnaqueur, songe t’elle. Elle jettera un regard en arrière pour voir le vieux pitonner grassement sur les touches de son téléphone portable. Un numéro court, très très court. Qui ne peut rien augurer de bon.
« Kaeso, ramènes-toi. J’ai besoin de toi. Et dépêches-toi. »
La voix lui demandera sa localisation, qu’elle donnera sans broncher. Puis, sans raccrocher, la fille changera de direction, laissera le combiner pendre comme un torchon sale. Désignera, sur le comptoir de l’homme, un verre contenant une substance blanche. Lait de chèvre ? Demandera t’elle. Il acquiescera avec un sourire gêné. Elle se rappellera de sa longue nuit, et lui sourira plaisamment, éructant une nouvelle question sans sens apparent. Vous avez appelé la police ? Il ne répondra pas.
Dans le combiné, le dénommé Kaeso va l’appeler. Mais n’entendra pour réponse que le bruit sourd d’un corps. Et bris de verres.
Il va l’appeler une fois de plus.
« Bouges ton cul, j’ai besoin de toi. »
Elle raccrochera. Fermera la porte derrière elle, et attendra qu’une voiture rouge se présente dans un vrombissement gouailleur.
Crétins.


Spoiler:

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MessageSujet: Re: Justine B. Arling [fini] Justine B. Arling [fini] EmptyJeu 25 Mar - 21:54






CHAPITRE 3 : RABBITS' LIFE

Justine B. Arling [fini] Hv7801

La fille se brosse les dents et crache dans la faïence laiteuse. Une fois, deux fois. Fait couler l’eau. Manipule l’objet d’une façon dextre et tout à fait assurée. Un tour, demi-tour, savant ballet de la propreté. Elle met sa main en coupelle, et recueille religieusement l’eau glacée qui coule du robinet, et la laisse s’échapper, tout en s’acharnant sur ses petits cros. Regardant par la suite dans la glace, sous tous les angles, chacune de ces grandes dents fermement plantées dans sa bouche. Parfaitement alignée par la main d’un ingénieux architecte. Qui avait beaucoup de goût, il fallait bien l’avouer.
De nouveau, Justine crache, et, s’étant rincée les dents, avance son museau plus près de la glace. Qui reflète sa charmante bouille dégénérée. C’est une bonne chose, songe t’elle. Elle observe régulièrement les progrès. Chaque jour, pour être exact. C’est une promesse que la jeune folle s’est faite. Celle d’atteindre la démesure de ses chers amis qui ont eu l’audace de l’enterrer, pour s’amuser, sans nul doute. Suite à cela, une fois mise à leur niveau, la fille escompte bien tirer quelque parti de cette compétence nouvellement acquise. Et, sans mauvais jeu de mots, faire des folies avec.
Mais avant tout cela, elle se laisse contempler un bref instant encore son reflet si cynique. Satisfaite de son examen quotidien, elle quitte la salle de bain exigüe, claquant la porte sur son passage. Aujourd’hui étant un grand jour. Un jour ordinaire, bien évidemment, si naïf. Une routine, en quelque sorte pour tous ces petites horloges humaines, savamment réglées. Quittant alors ses pantoufles odieusement criardes, le cerveau de Justine lui dicterait bien volontiers de les ranger au troisième étage, mais celle-ci n’en fait qu’à sa tête, et les jette négligemment sur l’une des étagères. En effet, quelle libération de ne plus écouter et obéir de façon traumatique à ce tyran … écervelé ? qu’est la raison. Puis elle glisse ses menus pieds frileux dans une autre paire, et, ainsi équipée, s’en va sur le chemin de l’aventure. Ou de la gloire ? Elle n’en sait rien. Son être n’est qu’une vague ébullition de sentiments futiles parmi lesquels prédomine sans nul doute l’excitation.
Toute émoustillée, elle sort de la bicoque légèrement suspecte, ferme sans conviction la porte, et dévale l’escalier miteux où, parfois, quelques lattes ressemblent curieusement à des chausse-trappes, tendus là pour mieux la faire déraper. Avec une méthode insidieuse.
Inutile, hélas. Elle saute les marches trois par trois, de ses longues guibolles chevalines, et débouche sur le réfectoire. Animé seul par les odeurs plus ou moins infectes de nourriture. De boustifaille. Savant mélange d’huile qui n’est pas sans lui rappeler une douloureuse nuit de juin, sous une écrasante chaleur, avec une musique russe, et un fou furieux qui jouait avec des armes.
L’inconscience délicieusement léthargique s’agrippe à son petit cœur desséché, le parasite avec délectation, et refuse de le lâcher. Que voulait-elle, déjà, ce soir-là ? L’étrangler, consommer son agonie à petit feu après lui avoir appris que même les fous devraient se plier à une certaine éthique ? Oui, certes, mais il faudrait néanmoins apporter quelque rectification au plan. Du moins, en est-elle convaincue. Des règles ? Introduire des règles est toujours malvenu, alors, cela au moins, on s’en passerait. Ce qui résumait désormais le plan à cet unique mot : massacrer. Doté d’une mélancolique poésie.
Lorsque la blonde poupée émerge de ses réflexions, elle se retrouve face à une grande vitre fumée. Qui tout de suite, éveille en elle l’image fugitive d’une enceinte de prison. D’asile. Peu importe la dénomination du lieu ; ce qui s’y passe se ressemble dans l’un comme dans l’autre. Avec juste, plus ou moins de raffinement, de délicatesse, et de malice. Puisque, de toute façon, si vous entrez là, c’est fatalement pour le bien des personnes qui vous côtoyaient. Et c’est effectivement l’objectif de St-prieur. De petits vampires arpentent les couloirs, protégés des rayons du soleil, nourris, d’une façon plus ou moins bonne ; mais qu’importent, les pensionnaires n’ont pas vraiment à se plaindre.
C’est un grand jour, se répète la sage fifille. On lui a annoncé une visite. C’est qu’elle n’en a plus guère depuis qu’elle s’est exilée là. Pourquoi ? A cause des interphones. Et puis aussi des fourchettes. Et encore d’autres choses… Et de sa tête, qu’ils disent, les docteurs, minaude-t-elle. Cet asile a une sale gueule, considère la blondinette. Ouais, c’est son verdict. Mais que voulez-vous.
Avant ? Une porte, toute bête, une porte, comme une autre. La porte se présente, s’offre, monstrueuse, exhibant sans pudeur un petit boitier noir, couvert de chiffres. Qui, immédiatement laissent suggérer une combinaison unique dans l’enfer lacunaire d’un monde hanté par des chiffres citoyens. Qui votent pour l’élection d’un des leurs. Mais que se passe t’il ? Voici qu’elle pense de travers, comme toujours. Elle n’y est pour rien. Ce n’est pas sa faute. Après tout, quelle personne doté de bon sens se méfierait d’un sournois interphone ? Et Pourtant, Justine se décale d’un bond, s’éloigne, rode dans les environs de ce boîtier sans jamais oser s’en approcher trop près. Fruit défendu, mais si terriblement tentant. Et terrifiant tout à la fois. Mais la jeune folle lève le fusil à pompe qui s’est retrouvé –Dieu seul sait comment-, entre ses mains agiles à cet ouvrage. Il paraît que c’est pour se défendre des vampires mutants, assoiffés de sang. Elle n’a pas seulement le temps de penser à ses actes qu’elle appuie sur la gâchette, soûl de folie. Pour elle, le danger ne vient pas d’eux, mais bien des objets. Dans sa bouche se trouve encore ce léger goût de bile, si acide qu’elle en dégueulerait bien. Par pure provocation, pour salir cet ordre si dangereux. Et souiller cette propreté si aseptisée qu’elle … éveillerait peut-être un jour des souvenirs incongrus dans son crâne. Le bruit de l’impact pétarade dans le quartier. A cette heure si morne de la nuit où les oiseaux dorment innocemment dans leur nid, se sentant à l’abri, emmurés dans leur forteresse de brindille. C’est sans compter les petits monstres, qui galopent la nuit. Ce genre de monstre qui sévit dans l’obscurité et le silence le plus complet. Et bousillent sauvagement des interphones. Que, demain, vous retrouverez en milles morceaux sur votre paillasson.
Des vis, des fils, des bidules et des choses. Autant de trucs qu’Arling juge suffisamment inquiétants pour confirmer son hypothèse. Mais ! Ah ah ah ! On ne l’a pas si facilement. Pulvérisé l’univers des chiffres ! Désarticulé le monde des combinaisons sournoises. Là où tout le monde s’efforce de trouver une solution, par la torture scrupuleuse de méninges, elle, Justine Arling, escorte du Diable en personne, fait tout exploser. Des choses brûlantes, explosives, un feu d’artifice enflammé ! Rien n’est trop bon.

Voilà. Voilà un peu ce qui avait emmené la fillette dans son cocon blanc.
**
*
Quand le visiteur s’assieds, Justine remarque un accros à sa veste pourtant apparemment si impeccable.
« Ce sont eux qui vous ont sauté sur le râble ? ricane t’elle. »
Il ne répond pas. Bien évidemment. En revanche, le portrait bascule lorsqu’il se présente, parfait gentleman travaillant pour le bien de la société des vampires. Qui, hélas, se meurt de faim. Elle doit bien être au courant, raconte t’il. Alors ils cherchent des … gens pour tester les substituts de sang potentiel. Contribuer au bien du monde. Chercher à le faire avancer, à lui donner une certaine stabilité.
Et enfin, il lui donne sa carte de visite. Du joli carton, constate t’elle, qu’elle ne parvient pas du premier coup à percer avec ses longs ongles de harpie. Les mots sortent pourtant de sa bouche sans qu’elle le veuille. Et, sans trop savoir comment, se livre à cet instant masochiste qui la pousse vers le danger. Loin de la routine, ou de l’ordinaire. Dans son demi-sourire se lit la réponse affirmative. Et le pantin en face d’elle, muet, ne cache pourtant pas sa satisfaction.
Justine Arling, AH AH AH !




Dernière édition par Justine B. Arling le Ven 26 Mar - 20:28, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Justine B. Arling [fini] Justine B. Arling [fini] EmptyDim 28 Mar - 21:56




CHAPITRE 4 : RABBITS' THOUGHTS

Justine B. Arling [fini] 2vdirlz
Spoiler:

Lorsque la sauterelle avait signé, elle n’avait guère que la peau sur les os. Mais voici que, désormais, elle ressemble à un spectre ambulant, dans son petit habit blanc. Lapinou osseux, bien faiblard, mais toutefois assez coriace.
Aujourd’hui, ses cheveux sont humides. Ils sont à même sa peau gelée, blafarde. Et déjà, leur porteuse éternue sans vergogne, laissant un léger filet de morve s’agglutiner sagement sur sa lèvre supérieure. Elle s’en lècherait presque les babines, la petite furie anesthésiée.
Depuis qu’elle a quitté St-Prieur, elle ne reçoit pas de visite. Il paraît même qu’elle n’a plus d’existence réelle, plongé dans une mixture, une bouillie plus ou moins appétissante d’expériences diverses. Que les choses soient claires, la fille dirige ses pas là où on lui demande de les diriger. Et en ce moment même ? Ses petons clairs, tous nus, tous frêles, tous maigres s’étendent en direction de ce joli laboratoire propre. Plus pour longtemps, fort certainement, mais qu’importe.
Pourquoi ? Parce qu’on lui a dit de se rendre là, et que, sage cobaye lobotomisé, elle s’empresse de les exécuter. Non que cela lui plaise. Non, elle n’a plus toute sa tête, et ce, depuis déjà quelque temps. Pourtant, ce produit perfide qui circule dans ses veines, cette promesse latente d’assouvir sa faim, sont sans doute les vrais moteurs qui animent ses gambettes. Argh. Elle a mal à la tête. Cela aussi, arrive de plus en plus souvent. Mais il est déjà trop tard ; elle pousse la porte blanche et la lumière des néons lui arrache un soubresaut surpris. Lâchement, elle tend ses petites menottes blanches, qu’on s’empresse de saisir. Puis on la sangle avec une violence des plus délectables sur un brancard. Et bizarrement, lorsqu’elle prend conscience de son contact glacé contre sa peau, toute drogue semble perdre effet. Quand la perfusion commence à délivrer le sang dans ses veines, elle sent que rien ne va plus. Sa respiration s’accélère tandis que la chaleur commence à se répandre dans son corps de petit lutin désarticulé. Elle grimace. Puis il semble qu’on s’amuse à jeter des grenades dans sa boîte crânienne. Il se produit une grande guerre, qui en va jusqu’à secouer ses intestins, à soulever son corps fébrile, dans des spasmes.
Alors, enfin, une lumière paraît devant ses petits yeux éblouis.
« Ce n’est rien, calmez vous. »
Quelle est cette voix ? Aussi froide et incisive qu’un rasoir, ça lui foutrait la chair de poule. Ca lui rappelle qu’elle a une aiguille plantée dans le creux du coude. Ca lui rappelle qu’elle pourrait devenir une amusante clepsydre humaine. Ca lui rappelle que les scientifiques s’amusent avec elle. Ca lui rappelle qu’elle a faim, et que, contre toute attente, à chaque goutte de ce sang artificiel, se décuple son envie. Palpitants, ses yeux ont du mal à soutenir l’éclat fatidique de ce néon. Néon qui risque d’être le témoin privilégié de son exécution, songe t’elle. Une douleur s’empare de son cœur, cet organe desséché qui ne fonctionne plus depuis … bien des lustres. Et remonte dans ses bronches, asphyxiant tout son corps. Et l’espèce d’un instant, il lui semble bien crever comme une charogne.
« Aurevoir, petit néon. »
S’entend t’elle prononcer. Tandis que l’écho du « calmez-vous » retentit dans sa tête d’une façon si vigoureuse qu’elle finit par l’agacer. Irritant, mettant à vif tous ses nerfs. Et elle a faim. Elle aimerait que quelqu’un le comprenne.
Justine ferme les yeux.

**
*
Lorsqu’elle r’ouvre les yeux, elle a du sang plein les babines. Ses cros la gêneraient presque. Ses petons nus pataugent dans des flaques de trippes et de sang. Dont même sa chemise blanche est barbouillée. C’est étrange. Elle ne se souvient pas d’avoir été désanglée, juste de … s’être … catapultée ? hors de son brancard, et d’avoir sauté à la gorge du premier venu. La sauterelle a repris les rênes, fini les petits bombons blancs. Ceux de st-prieur d’abord, ceux de la « machine à broyer ». Fini, tout cela. Fini l’ivresse des mauvais jours.
Une nouvelle idée vient de germer dans son funeste crâne. A quoi bon jouer les cobayes ? A quoi bon être recluse dans une tour d’ivoire pour le bien être d’une espèce décadente. A quoi bon ? Pourquoi ne pas revenir à zéro.
Justine, d’une démarche de zombie, se met à marcher. Floc, flac, floc. Quel joli bruit.
Un bruit qui sonne comme une ritournelle d’appel à ses oreilles. Elle tourne à droite, à gauche, et, tout d’un coup, aperçoit un téléphone, solidement accroché à la muraille, exibant une série de chiffres compliqués, avec, joint à cela, une liste bonus des numéros important. Un sourcil se lève sur le visage de la fille, mélange de curiosité, de rage et de perversité. Il a la frousse, considère la fille. Il a bien raison, elle va lui faire la peau. AH AH AH.

**
*
Veuillez laisser un message après le bip sonore. Biiippp. C’est moi, raconte la voix rocailleuse. Je suis de retour, p’tite tête. Ramène ta sale tronche et on pourra peut-être de nouveau faire affaire ensemble, si tu veux. J’ai un tas de truc à te raconter. Bon, bah. Voilà. J’espère que t’as encore ta caisse.
Derrière le téléphone, un individu, barbe de trois jours, sursaute.
Il jette dans un cendrier une cigarette qui achève de consumer, et, dans son canapé déglingé, étouffe un toussotement phtisique. Puis se lève en s’étirant. Rote. Attrape le fusil à pompe. Ecarte la bouteille de whisky qui traîne sur le rebord de la table, à côté d’une autre série. Attrape une autre clope. Se dirige vers la sortie.
Le soleil est haut dans le ciel. Il crève de chaud.
La patronne n’est pas commode.
C'est une chieuse.




Dernière édition par Justine B. Arling le Sam 3 Avr - 10:32, édité 1 fois
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Esther L. Blackwood


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MessageSujet: Re: Justine B. Arling [fini] Justine B. Arling [fini] EmptyMar 30 Mar - 0:19

Wow ! Alors ! Une bien jolie fiche que voilà ! Même si elle était longue, je me suis régalé en la lisant. J'adore ta façon d'écrire à la fois sombre et mystérieuse voire même trash. Bref, j'ai beaucoup aimé ! C'était une fiche bien dark comme on les aime ! I love you C'est donc avec grand plaisir que je valide l'une de nos victimes, cobaye d'une malheureuse expérience ratée !

Bienvenue à toi miss ! Have fun ! 018
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MessageSujet: Re: Justine B. Arling [fini] Justine B. Arling [fini] EmptyMer 31 Mar - 0:03

    Bienvenue, miss folle dingue numéro deux Rolling Eyes

    On va être encore plus déjantés ! 016
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MessageSujet: Re: Justine B. Arling [fini] Justine B. Arling [fini] EmptyMer 31 Mar - 20:30

    Merciii 007. Ca me fait bien plaisir de savoir que ma fifiche était pas barbante.
    Heyyy, chui pas déjantée d'aboreuh. Lincoln, j'ai le droit de porter plainte pour difammation ? J'imagine que c'est non vu que tu es le grand admin-manitou-révéré ? #PAN#
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Lincoln J. O'connell

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MessageSujet: Re: Justine B. Arling [fini] Justine B. Arling [fini] EmptyMer 31 Mar - 20:43

    T'auras le droit de me faire ch* en bio pour la peine What a Face (non non, je ne suis pas suicidaire !)

    Alalalala, sale bête ! bah
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Wesley-Lee Collohway

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MessageSujet: Re: Justine B. Arling [fini] Justine B. Arling [fini] EmptyMer 31 Mar - 22:38

Liiin, Batmaaaaan <3 *je sors*

Bref, bienvenuuue mademoiselle Very Happy
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MessageSujet: Re: Justine B. Arling [fini] Justine B. Arling [fini] EmptyJeu 1 Avr - 13:17

    Lin', t'avais pas besoin de le préciser. Tu pensais pas quand même avoir la paix ? MUAH AH AH. Mais je vaisrien dire, et en plus ça commence à devenir tellement petit qu'on y voit plus rien du tout. ah ah ah. ma vengeance seraaaaaaa terrriblleeee yihaaaaaaaa. on va tout défoncer. 008
    Ils sont trop bien ces smileys, c'est abusay >______<
    J'ai envie de dire ... Pourquoi ce visage si ... sérieux ? *BAM*

    Mercii Wesley =D

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MessageSujet: Re: Justine B. Arling [fini] Justine B. Arling [fini] EmptyVen 2 Avr - 0:44

    Moi j'ai réussi à lire ce que t'as écrit ! What a Face Le bouton « éditer » accessible aux admins est une merveille (a)
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Slye Davidson

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MessageSujet: Re: Justine B. Arling [fini] Justine B. Arling [fini] EmptyVen 2 Avr - 0:51

Rolling Eyes Lin, pas besoin d'être admin pour voir ce qu'elle a écrit, il suffit simplement de faire citer 024

(Flood pas bien... Pas taper^^)
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MessageSujet: Re: Justine B. Arling [fini] Justine B. Arling [fini] EmptyVen 2 Avr - 11:16

    Waiii d'abord, Lin', tu triches ! Tu sers à rien >_______< AHHH. *sort se pendre*
    Remarque, c'est vrai que pour ce qu'il y avait à lire, ça vallait trop la peine 003
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Juliet C. Hoverwood

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MessageSujet: Re: Justine B. Arling [fini] Justine B. Arling [fini] EmptyVen 2 Avr - 19:18


    Slye Davidson a écrit:
    Rolling Eyes Lin, pas besoin d'être admin pour voir ce qu'elle a écrit, il suffit simplement de faire citer 024

    Le copier / coller, c'est sympa aussi. - même si on se complique un peu la vie - 8D

    Braïf braïf. Bienvenue Justine. I love you
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